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Interview croisée des ministres des Sports et du Tourisme

Extrait du journal SOMMETS N°11 MAI 2025

Pour lire le début du Grand Dossier "Attirer les jeunes générations en montagne, un enjeu pour l'avenir des stations françaises" cliquez ici

photos des ministres

« Une montagne attractive pour les jeunes »

LA MONTAGNE CHERCHE SANS CESSE À ATTIRER LES JEUNES DANS SES STATIONS POUR RENOUVELER LA CLIENTÈLE. SELON VOUS, QUELS SERAIENT LES TROIS ACTIONS MAJEURES À DÉVELOPPER POUR ATTIRER À NOUVEAU LES JEUNES GÉNÉRATIONS À LA MONTAGNE ? 

Marie BARSACQ : Je pense que les acteurs de la montagne sont déjà sur la bonne voie en diversifiant les activités proposées, à toutes les saisons. L’hiver, on peut faire du ski nordique, des randonnées en raquettes, de la luge, du patin à glace… Et le reste de l’année, il y a encore plus de possibilités avec la randonnée, le trail, le VTT électrique (ou non !), le cyclisme sur route, sans parler des activités nautiques sur lac. Certaines de ces activités permettent aussi de rendre la montagne plus accessible financièrement, car on sait qu’il s’agit d’un frein chez les jeunes qui assument seuls leurs séjours. Dans cette même logique, on pourrait aussi imaginer des offres avec des séjours plus courts et plus flexibles. Pour attirer les jeunes à la montagne, je crois qu’il y a aussi des pistes à creuser du côté des formations ou stages de sensibilisation à la protection de l’environnement montagnard. Enfin, certaines stations et villes ont déjà pris le pari de l’événementialisation de leur offre avec des compétitions sportives pour le grand public et des programmes culturels riches de festivals de musique ou de cinéma. Il y a déjà plein de bonnes idées à reprendre, à développer et beaucoup d’autres à trouver! 

Nathalie DELATTRE : Les portes d’entrées sur la montagne que sont les colonies, les classes de découvertes ou de neige sont essentielles. Les bénéfices de tels séjours pour les enfants ne sont plus à démontrer. Ils s’inscrivent dans le cadre de cette éducation à l’environnement qui apparaît désormais comme le meilleur moyen d’enraciner les préoccupations du développement durable dans les profondeurs de la société, tout en apprivoisant, par la connaissance, des territoires qui sont souvent méconnus par les enfants. Pour attirer les jeunes en station de ski, il est aussi essentiel d’adapter l’offre à leurs attentes et modes de consommation en modernisant l’expérience ski. Le développement de pistes thématiques avec des parcours ludiques pourrait ainsi plaire à une clientèle plus jeune et plus sportive. Enfin, je pense qu’il faut aussi adapter la tarification par des forfaits spécifiques à prix réduits pour les jeunes et les étudiants et des systèmes de fidélisation avec des avantages exclusifs. 

LES GRANDS ÉVÉNEMENTS ONT PAR NATURE UN IMPACT IMPORTANT POUR LES TERRITOIRES QUI LES ACCUEILLENT. PENSEZ-VOUS QUE LES JOP D’HIVER 2030 AURONT UN RETENTISSEMENT AUPRÈS DES JEUNES ? ET SURTOUT, COMMENT LES INTÉRESSER À CET ÉVÉNEMENT ? 

MB : Je n’ai aucun doute sur le fait que les jeunes s’intéresseront et s’intéressent déjà aux Jeux d’hiver 2030. Nous avons la chance d’avoir un calendrier exceptionnel pour entretenir la flamme des Jeux chez les Français : nous sommes au lendemain des Jeux de Paris 2024 et les Jeux d’hiver dans les Alpes françaises se profilent dans moins de 5 ans. Il y a un véritable héritage émotionnel à entretenir. Pour les jeunes en particulier, nous le faisons déjà en poursuivant des programmes comme la Semaine Olympique et Paralympique chaque année, la transformation du label « Génération 2024 » en « Génération 2030 », et avec les nombreuses célébrations du J+1 an des Jeux de Paris 2024 cet été. A la rentrée, nous aurons aussi la première Fête du Sport dont on espère qu’elle deviendra rapidement aussi populaire que la Fête de la musique. Tout cela doit nous permettre d’entretenir l’attachement des Français au sport et aux Jeux. Je ne doute pas non plus que le Comité d’Organisation des Jeux des Alpes françaises 2030 débordera de bonnes idées pour engager et mobiliser les jeunes. Ces Jeux seront une magnifique fête, comme ceux de Paris 2024 l’ont été. 

ND : Je garde, comme chacune et chacun d’entre nous, un souvenir poignant des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 avec ses moments de communion et de bonheur qui nous ont rendu si fiers. Ces Jeux ont été bien plus qu’une compétition sportive. Ils ont été une véritable fête populaire, un moment d’unité autour des valeurs du sport, et une fenêtre de rayonnement comme rarement une nation à l’occasion d’en vivre S’agissant des Jeux Olympiques et Paralympiques des Alpes 2030, je ne doute pas que nous retrouverons la même ferveur et le même intérêt. Mais cela se construit. Il convient de susciter une envie en créant un trait d’union entre les Jeux de Paris 2024 et les Jeux de la Montagne 2030. Pour captiver les jeunes générations, il convient d’utiliser leurs moyens de communications à travers des contenus courts et dynamiques sur les réseaux sociaux, développer des applications interactives permettant de suivre les compétitions et d’en apprendre plus sur les athlètes et pourquoi pas de participer à des défis virtuels. Il faut également que les jeunes puissent aller à la rencontre des sportifs de haut niveau. Que ces derniers partagent leurs valeurs très ancrées autour de la notion de travail, de l’excellence, du dépassement de soi et du goût de l’effort. Enfin, les jeunes doivent pouvoir s’investir dans l’organisation et la réception des Jeux en devenant bénévoles. Toutes celles et ceux qui ont pu participer à des grands évènements sportifs internationaux ces dernières années en reviennent transformés. 

SI LES JEUNES GÉNÉRATIONS DEVAIENT BÂTIR LA MONTAGNE DE DEMAIN, À QUOI RESSEMBLERAIT-ELLE SELON VOUS ? 

MB : C’est à eux de répondre en détails, pas à moi, mais je crois que ce serait une montagne où le sport de nature rime encore davantage avec la protection de l’environnement et de la biodiversité. 

ND : A un lieu d’équilibre entre plusieurs aspirations actuelles. Une montagne plus accessible qui préserve la nature avec un tourisme à l’année moins dépendant de la neige et répondant aux défis et enjeux climatiques. Une montagne productive qui valorise la production locale autour de l’agriculture et de l’élevage avec des circuits courts. Une montagne qui se vit comme un laboratoire d’adaptation, une montagne qui laisse s’exprimer les initiatives locales pour impliquer les habitants et les touristes. Cette montagne de demain sera moins un lieu de simple consommation touristique mais davantage un espace de vie durable où les activités humaines s’intégreront harmonieusement à l’écosystème montagnard.



MA MONTAGNE 

CE QUE J’AIME PARTICULIÈREMENT À LA MONTAGNE ? 

MB : La beauté brute de la nature aussi bien l’été que l’hiver. Je la préfère encore hors période hivernale car il y a beaucoup moins de monde ! Notamment dans les Pyrénées que je connais mieux que les Alpes. 

ND: Son énergie. 

MON PLUS BEAU SOUVENIR MONTAGNE ? 

MB : Une randonnée familiale, j’avais 11 ans la première fois, autour des lacs d’Ayous dans la Vallée d’Ossau. Un lieu complètement magique qui résume toute la montagne pour moi. J’y suis retournée plusieurs fois depuis, c’est toujours aussi sublime. 

ND : Ma première descente en ski à 9 ans et cette formidable sensation de liberté ressentie. 

MA PROCHAINE ENVIE DE MONTAGNE ? 

MB : Cet été au Pays Basque, les crêtes d’Iparla par exemple ou dans les Pyrénées les lacs de Neouvielle ! Ou les 2 si le temps le permet

ND : Dès que possible été comme hiver !



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