Transformation énergétique de l'espace aquatique des Aravis

Vers un modèle énergétique innovant, s’inspirant de la démarche des « piscines passives »

La piscine municipale de La Clusaz, construite en 1967, repose sur un modèle très énergivore qui ne correspond plus aux attentes environnementales et à l’évolution de la structure. La Commune a souhaité envisager des solutions pertinentes et performantes permettant de réaliser des économies d’énergie et de diminuer le recours au fioul (énergie actuellement utilisée pour le chauffage, l’eau chaude sanitaire et le réchauffage de l’eau des bassins). Elle s’est ainsi engagée dans un programme pluriannuel d’investissement dont la première phase a consisté à mettre en œuvre un modèle énergétique innovant, s’inspirant de la démarche des « piscines passives ». Cette phase a pour objectif de diviser la consommation énergétique par 2,5 et les émissions de CO2 par 5 :

  • Remplacer la source de chaleur primaire actuelle (100% fioul) par une combinaison de pompes à chaleur air/eau (technologie avancée adaptée à la montagne) permettant de couvrir environ 90% des besoins énergétiques actuels mais aussi futurs (extensions en projet)
  • Changer les Centrales de Traitement de l’Air par des modèles plus efficaces et moins énergivores 
  • Etancher les bassins pour limiter les fuites d’eau

Dans quel contexte cette bonne pratique s'est-elle installée ? Quels étaient les objectifs poursuivis ?

L’espace aquatique a fait l’objet d’un audit énergétique poussé, réalisé par le bureau d’études Garnier spécialisé dans les concepts bioclimatiques. Cet audit a initié le projet porté par la Commune de La Clusaz, qui a su trouver un appui auprès du SYANE (syndicat des énergies de la Haute-Savoie) en étant retenu comme l’un des lauréats de l’appel à projets « Rénovation énergétique des bâtiments publics ». Un suivi technique et un partage d’expérience est effectué par le SYANE tout au long de l’opération.

Le développement du projet en détails

Le projet permet de respecter et protéger l’environnement par :

  • l’utilisation des énergies renouvelables
  • la réduction des consommations énergétiques
  • la réduction des émissions de CO2
  • Production de chaleur (chauffage, eau chaude sanitaire et réchauffage de l’eau)

La production de chaleur était intégralement assurée par une chaudière à fioul datant de 2004. Le projet permet de quasiment s’affranchir du recours au fioul (énergie fossile) en privilégiant une source primaire d’énergie renouvelable, avec la mise en place de pompes à chaleur aérothermiques spécialement adaptées aux zones de montagne. Compte tenu des puissances atteintes en cours d’année, il a été décidé de recourir à ce système de production de chaleur mixte : pompes à chaleur en base (90%) et chaudière fioul pour gérer les pics de consommation. Un deuxième circuit de distribution de chaleur alimenté par les PAC est créé en parallèle de l'existant (fioul en appoint). L'ensemble des circulateurs primaires/secondaires sont remplacés pour fonctionner dans ce nouvel ensemble et les nouveaux tuyaux sont calorifugés pour éviter les pertes. 

La consommation de fioul passe de 251 000 L annuel à 22 500 L

Traitement de l’air

Les centrales de traitement de l’air étaient vétustes et très énergivores. Les nouvelles centrales permettent des économies d’énergie et sont équipées d’un système de récupération des calories sur l’air extrait (roue de récupération, efficacité > 80%). Cela permet de revaloriser cette chaleur en évitant le rejet massif de calories et de CO2 à l’extérieur.

Economies d’eau

En raison des fuites existantes dans les différents bassins, la consommation moyenne en eau de la piscine était comprise entre 300 et 400 litres par baigneurs (en France, la consommation moyenne est comprise entre 150 et 200 litres par baigneur). Les travaux d’étanchéité ont permis de réaliser d’importantes économies d’eau, engendrant de fait une réduction des consommations d’énergie pour le chauffage des bassins. 

L’ensemble du projet est très bénéfique pour l’environnement, puisqu’il permet 

  • Une division de la consommation énergétique primaire totale (fioul et électricité) par 2,7  (3M de kWh PCI à 1,1M de kWh PCI par an)
  • Une division des émissions de CO2 par 5,3 (727 T à 136 T par an)

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Et après ?

Quel est votre retour d'expérience ?

Le projet développe l’ambition d’un nouveau modèle énergétique pour un établissement de baignade avec bassin nordique qui permet d’atteindre un niveau de performance (division des consommations par 2,7), qui autorise une extension de 40% du bâti quasiment sans pénalité énergétique. Il a été fait le choix d’un établissement résolument novateur dans son domaine par l’émergence d’un modèle énergétique frugal et reproductible à d’autres échelles. C’est la première piscine de montagne équipée de ce système de pompes à chaleur et en ce sens, le projet est exemplaire.

Cette dimension innovante a été reconnue par le SYANE (en étant lauréat d’un appel à projet) qui communiquera sur la démarche via ses circuits d’information. Le projet est également valorisé auprès des utilisateurs de l’espace aquatique par une communication « grand public », afin de faire adhérer le plus grand nombre à cette démarche collective.